EROSION DU LITTORAL : LA CONTRIBUTION DU CESE APRES L'AUTOSAISINE DE 2018

Plage de Magenta-Nouméa-Mai 2022 Copyright : Christiane POEDI

4 ans après , quel bilan ?

 

En mars dernier, l'Etat a demandé au CESE-NC une contribution sur la question de l'environnement . Le Haut-commissaire, à l'origine de cette requête (qui n'est pas une saisine car seules les institutions comme le Gouvernement, le Congrès, les Provinces et le Sénat Coutumier peuvent saisir le CESE) a souhaité qu'un rapport lui soit remis avant le 31 mai 2022.

Le CESE a répondu à la demande de l'Etat en organisant dans l'hémicycle de la Province Sud une matinée "Débat" consacrée à la question de l'érosion du littoral, une thématique qui a fait l'objet d'une auto saisine en 2018 et qui a débouché sur la rédaction d'un rapport avec 27 recommandations. Pour l'institution, l'objectif aujourd'hui est de faire un bilan de ce qui a été fait ou pas en 4 ans.

 

Christian Roche donnant lecture des 27 recommandations préconisées dans l'autosaisine sur l'érosion du littoral

(Christian Roche, Rapporteur de la Commission Environnement, énumère les recommandations au nombre de 27 qui figurent dans l'autosaisine réalisée en 2018)

Une diversité de collecteurs de données mais pas de plateforme commune à partir de laquelle élaborer une stratégie "Pays"

 

En préambule, les représentants des Provinces (Françoise SUVE pour la Province Sud et Chérifa LINOSSIER pour la Province des Iles) ont insisté sur l'urgence des mesures à prendre notamment en matière d'urbanisme (PUD), la nécessité d'agir à l'échelle du pays ou encore de s'inspirer des politiques menées par d'autres petites nations du Pacifique concernées par le dérèglement climatique et la montée des eaux.

Tout au long de la matinée, les intervenants issus des directions techniques du Gouvernement ont détaillé leurs actions pour dresser un état des lieux de l'évolution du trait de côte sur le littoral calédonien et rapporté le travail engagé par certaines collectivités pour sécuriser les populations et les infrastructures.

Le constat fait par tous est unanime : plusieurs côtes de la Nouvelle-Calédonie sont réellement impactées par l’érosion. Selon les rapports de l’observatoire du littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC) rendus publics en 2018, une érosion et un recul du trait de côte sont enregistrés sur plusieurs de sites pilotes observés. Ceci concerne aussi bien la grande Terre que les Iles et les îlots. D’après ces études, la moitié (56%) de la longueur cumulée du linéaire côtier des sites pilotes côtiers serait affectée par l’érosion, avec des évolutions très variables en fonction des sites (par exemple en province Sud, 91.5% pour le site pilote de Karikaté contre 34% pour la baie de Ouara).

 

Gilles PERRET, Directeur de Météofrance NC et W et F

Gilles PERRET, directeur de Météofrance Nouvelle-Calédonie et Wallis et Futuna présente le programme baptisé CCLIPSSA (Changement Climatique sur le Pacifique Sud, Savoirs locaux et Stratégies d'Adaptation) développé en partenariat avec l'IRD

Vers un Indicateur "Pays" ?

 

Les actions de grande envergure pour collecter les données sont réelles à l'instar du partenariat noué entre Météofrance et l'IRD qui financent, via l'AFD, un programme de cartographie par satellite de pans entiers du littoral calédonien et baptisé CCLIPPSSA . La situation n'est, pour l'instant, pas catastrophique : la Nouvelle-Calédonie voit son niveau de l'eau augmenter de 2 mm/an contre 10mm/an aux Iles Salomon mais l'érosion est visible sur certaines zones de la NC.

Dans ce programme de Météofrance et l'IRD, il y a également l'envoi de techniciens sur le terrain à la rencontre des autorités coutumières pour recueillir des informations destinées à alimenter des analyses globales sur ce phénomène que représente l'érosion des côtes, son impact sur les populations dans le passé ou aujourd'hui, notamment leur déplacement hors de leurs terres coutumières.

 

François WAÏA, directeur de l'Adraf sur la sécurisation à apporter aux populations concernées par l'érosion des littoraux

(François WAÏA, directeur de l'Adraf sur la sécurisation des populations menacées par l'érosion des littoraux)

Les mouvements de populations : c'est une problématique que connaît bien l'Adraf (Agence de développement rural et d'aménagement foncier ). Son directeur, François WAÏA, a rappelé que la solidarité interne existe dans le monde kanak depuis toujours. "Il faut prendre en compte cette mémoire collective et favoriser le dialogue avec ces populations en particulier, et plus généralement associer les autorités de proximité comme les mairies pour agir de manière efficace sur cette thématique".

Pour rappel, voici quelques unes des missions de l'Adraf : 

-cartographier le cadastre coutumier, bien connaître l'historique des zones relevant de ses compétences.

-être le médiateur dans le traitement des questions foncières.

Le relevé de conclusions du "Débat" sera rendu au Bureau du CESE avant la réunion prévue au Haussariat dans le courant de l'année 2022.
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