[ RENCONTRES ]

Pour le CESE : M. Jean-Louis D’ANGLEBERMES, président, M. Daniel ESTIEUX, président de la CAEFP, Mme Corinne QUINTY, rapporteure de la CAEFP, M.François-Paul BUFNOIR, secrétaire général et Mme Jade RETALI, chargée d’études. Pour le consulat : Mme Felicity ROXBURGH, Consule de Nouvelle-Zélande et M. Patrick MAILLET, chargé de mission.
Dans le cadre de son autosaisine intitulée “la réflexion sur un nouveau modèle agricole pour la Nouvelle-Calédonie de demain (la gouvernance)” une délégation du CESE-NC s’est rendue à deux rendez-vous:
  • le lundi 21 novembre à 14h00 au consulat de Nouvelle-Zélande.
  • le mardi 22 novembre à 15h00 au consulat d’Australie. 

Au cours de ces deux rendez-vous:

  1. Le lundi 21 novembre: après une présentation de l’autosaisine par M. Daniel ESTIEUX; président de la commission de l’agriculture, de l’élevage, des forêts et de la pêche à madame la Consule de Nouvelle-Zélande: Felicity ROXBURGH; celle-ci a dressé un état des lieux de l’agriculture néo-zélandaise.

Il s’agit d’un pays exportateur, qui produit assez pour nourrir 40 millions de personnes, sachant que les Néo-zélandais sont 5 millions. Historiquement, dans les années 50-60, il y avait peu d’aides et de gouvernance du secteur. Dans les années 70, la Nouvelle-Zélande a été coupé du marché de l’Angleterre (70% de ses exportations) du fait de l’Union européenne. Cela a entraîné une crise pour les agriculteurs et le gouvernement a mis en place des subventions.

A partir de 1984, une période de réforme a commencé. A ce moment-là, tout ce qui était investi dans l'agriculture était supérieur à sa productivité. Toutes les subventions ont donc été supprimées. En 7 ans, le secteur est revenu à son niveau d’avant. Aujourd’hui, c’est un système très efficace et ultralibéral, les régulations existantes sont principalement liées à la biosécurité et à l’environnement. Des techniciens accompagnent et conseillent les agriculteurs sur ces points. La fin des aides a entraîné une baisse de l’utilisation des engrais de 60%. Il existe un système de coopératives, par exemple FONTERRA pour le lait, qui achète environ 80% de la production.

De nouvelles règles vont être prochainement adoptées concernant le réchauffement climatique. Les seules aides directes qui demeurent sont celles relatives aux catastrophes climatiques. Avec la fin des aides, il y a eu davantage de diversification pour sortir du “tout mouton”, qui était fortement subventionné. Le gouvernement craignait de nombreux départs (estimés à 8000), mais seul 1% des agriculteurs a finalement quitté le métier (800). Les filières sont très organisées et mettent de côté un pourcentage de leur produit de vente pour la recherche, le développement, le marketing, etc. Les réparations versées aux maoris grâce au tribunal de Waitangi leur a permis d’investir et ils sont notamment présents dans le secteur agricole. Il serait intéressant de créer des contacts entre les communautés maories et les tribus kanak.

2. Le mardi 22 novembre: après une présentation de l’autosaisine par M. Daniel ESTIEUX; président de la commission de l’agriculture, de l’élevage, des forêts et de la pêche à monsieur le Consul général adjoint d’Australie , Calum LOGAN; celui-ci a présenté l’agriculture australienne.

Le système australien a supprimé la grande majorité des aides et a beaucoup augmenté sa productivité. 

En termes de compétences, l’Australie est un Etat fédéral, le Commonwealth, qui a un rôle réglementaire dans les domaines de la biosécurité, des produits chimiques (engrais, pesticides, médicaments vétérinaires…) et de la pêche notamment. 

Il y a des sujets transversaux, tels que l’environnement, le changement climatique ou les problèmes liés à la gestion de l’eau pour lesquels le gouvernement aide à la coopération entre acteurs. 

Il existe 5 États et 2 territoires, qui ont chacun leur département en charge de l’agriculture, s'occupant de recherche et développement, d’organisation des territoires, de transport des produits agricoles, etc. 

Enfin, les autorités locales (municipalités) ont une compétence en matière de zonage, de planification des terres, de gestion des déchets… 

Il y a eu de gros progrès en matière de coopération entre les Etats pour améliorer l’agriculture, malgré les divergences politiques qui peuvent survenir lorsqu’un Etat n’est pas du même parti que le gouvernement central par exemple. 

70% de la production agricole australienne est exportée. 

Le modèle s’est dirigé au fur et à mesure vers de plus grandes fermes, plus productives et efficaces bien que demeurent également des petites exploitations familiales. 

Les catastrophes et difficultés climatiques sont compensées par une productivité en augmentation constante, avec une demande accrue ces deux dernières années, notamment dans la région Asie. 

Dans les années 1980, le marché agricole était très régulé mais une vague de libéralisation, dans les années 1990, en a changé la structure et beaucoup d’aides ont disparu. 

L'Australie a changé d’approche sur sa réglementation et se concentre sur la manière dont se fait la production plutôt que celle dont elle est vendue, qui s’autorégule par le marché. Les producteurs ont ainsi dû devenir plus réactifs et adaptables au marché et aux problèmes climatiques. 

La transition a été difficile pour certains secteurs mais les pouvoirs publics dépensent beaucoup moins d’argent en aides et investissent plutôt dans la recherche et le développement. Aujourd’hui, l’Australie est parmi les pays de l’OCDE offrant le plus bas niveau de soutien direct à ses producteurs. Des dispositifs de transition ont été mis en place pour restructurer les fermes mais certains ont dû quitter le secteur. La philosophie actuelle est d’éviter que les aides n'entraînent des distorsions de marché. L'Australie offre en revanche son assistance en cas de catastrophes climatiques ou de nuisibles. 

Les fédérations et associations de professionnels ainsi que la recherche et développement étudient les marchés, afin d’aider les producteurs à vendre et à adapter leurs productions à la demande.”